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1er poème d'amour : antiquité
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Virgile, Énéide II v. 730-804 | La disparition de Créuse
[730] J’approchais des portes, et déjà je me voyais parvenu au bout
du chemin (...)
] Là, dans mon anxiété, je ne sais quelle puissance maligneme troubla, m’ôtant toute présence d’esprit. Car je dévie ma route
et je poursuis hors des sentiers connus, mais pendant ce temps,
hélas, mon épouse Créuse s’est-elle arrêtée ravie par un destin funeste ?
s’est-elle trompée de route ? est-elle tombée de fatigue ?
[740] nul ne sait, mais par la suite elle ne fut plus rendue à nos yeux,
Moi, je veux retourner dans la ville, et je ceins mes armes brillantes.
[750] Je suis décidé à reprendre tous les risques, à retraverser
Troie tout entière et exposer ma vie aux mêmes dangers.
Je commence par rejoindre les remparts et le seuil caché dans l’ombre
de la porte par laquelle j’étais sorti, et je remonte nos traces,
attentif à les suivre dans la nuit, les fouillant du regard.
[755] Partout l’horreur, partout le silence même qui l’accompagne est épouvantable.
Puis je reviens à notre maison, peut-être avait-elle, peut-être y était-elle
retournée. Mais les Danaens l’avaient envahie et l’occupaient entièrement.
Et là tout est fini, le feu dévorant poussé par le vent jusqu’en haut du toit
tourbillonne, les flammes gagnent, le brasier enfle avec fureur dans les airs.
[760] J’avance encore et je vais revoir le palais de Priam et la citadelle.
(...)Je fis plus, n’hésitant pas à donner de la voix dans l’ombre,
et j’emplis les rues de mes cris, et dans ma tristesse j’appelai Créuse,
[770] vainement je répétai son nom encore et encore.
Je la cherchais et je devenais fou, égaré sans fin parmi les toits de la ville,
quand un spectre infortuné, l’ombre de Créuse elle-même
apparut devant mes yeux, un fantôme plus grand que celle que je connaissais.
Je me figeai, mes cheveux se dressèrent et ma voix se bloqua dans la gorge.
[775] Mais elle me parlait et m’ôtait toute inquiétude par ses paroles :
« À quoi sert de t’abandonner à une douleur sans mesure,
ô mon doux époux ? Ces choses n’arrivent pas sans volonté des dieux.
Et il n’est pas permis que tu emmènes d’ici Créuse avec toi,
celui qui règne tout au-dessus de l’Olympe ne l’autorise pas.
[780] Tu vas connaître un long exil, à labourer la vaste plaine des mers,
puis tu arriveras à la terre d’Hespérie, où le Thybre Lydien
au milieu de grasses terres coule en fleuve tranquille.
Là-bas la prospérité, un royaume et une épouse royale
te sont réservés. Chasse tes larmes pour ton aimée Créuse.(...)
Maintenant, adieu, et conserve notre amour au fils qui est le nôtre. »
[790] Quand elle eut fini de parler, je pleurais, j’avais tant de choses
à lui dire, mais elle s’éloigna et s’évanouit dans l’air impalpable.
Trois fois alors j’ai essayé d’enlacer son cou de mes bras,
trois fois, agrippé en vain, le fantôme m’échappa,
comme un vent léger, comme passe un songe ailé.
[795] Ainsi je ne reviens vers mes compagnons qu’une fois la nuit terminée.
1/ Virgile est un auteur du premier siècle qui a écrit une épopée, l'Enéide, recherchez le sens du mot épopée, et trouvez les éléments biographiques et des éléments sur l'Enéide.
2/ Dans le passage précédent, qui raconte la fuite de Troie d'Enée et de sa famille, au moment où il perd sa femme des yeux, étudiez les émotions
3/ Etudiez aussi le contexte qui est évoqué
4/ Quelle image d'Enée est donnée dans ce texte?
5/Quelle image de Créüse, sa femme, est donnée?
6/ Comparez sur les mêmes points le passage suivant, qui raconte la descente d'Enée aux enfers, quand il revoit Didon / Elissa, qui est morte après avoir cru qu'il allait rester près d'elle (mais les dieux l'ont forcé à partir vers l'Italie) et qui s'est suicidée d'un coup de poignard : aux enfers elle a retrouvé son premier mari.
Livre 6. 450 etsq
Parmi elles, la Phénicienne Didon, avec sa blessure encore vive,
errait dans la grande forêt. Dès qu'il se trouva près d'elle,
le héros troyen reconnut parmi les ombres sa sombre silhouette,
tel quelqu'un qui voit ou pense avoir vu la lune
au début du mois émergeant entre les nuages. (...)
Il fondit en larmes, et lui parla doucement avec amour :
« Infortunée Didon, il était donc vrai le message
qui m'était venu : tu t'es éteinte et par le fer tu as mis fin à tes jours !
J'ai donc hélas été la cause de ta mort ? Je le jure par les astres,
les dieux et la bonne foi, si elle existe dans les profondeurs de la terre,
c'est contre mon gré, ô reine, que je me suis éloigné de ton rivage.
Mais ce sont les ordres des dieux, qui m'obligent maintenant à traverser
parmi les ombres et la nuit profonde ces lieux de désolation,
qui par leurs directives ont guidé mes pas ; et jamais je n'ai pu croire
que je t'apporterais par mon départ une si grande douleur.
Arrête ta marche et ne te soustrais pas à mon regard.
Qui fuis-tu ? C'est l'ultime fois que le sort me laisse te parler ».
Énée par ces paroles tentait d'apaiser cette âme ardente
au regard menaçant, et cherchait à lui tirer des larmes.
Mais elle se détourna, gardant les yeux fixés au sol,
sans que, dès la conversation entamée, elle trahisse sur son visage
plus d'émotion que si elle était un dur silex ou un marbre de Marpessos .
Enfin elle se ressaisit et, hostile, alla se réfugier
dans le bois ombragé où son premier époux,
Sychée, partage ses peines et lui rend son amour.
Néanmoins Énée, très frappé par l'iniquité de ce sort,
en pleurant et plein de compassion, la regarde longuement s'éloigner.
Virgile, Énéide II v. 730-804 | La disparition de Créuse
[730] J’approchais des portes, et déjà je me voyais parvenu au bout
du chemin (...)
] Là, dans mon anxiété, je ne sais quelle puissance maligneme troubla, m’ôtant toute présence d’esprit. Car je dévie ma route
et je poursuis hors des sentiers connus, mais pendant ce temps,
hélas, mon épouse Créuse s’est-elle arrêtée ravie par un destin funeste ?
s’est-elle trompée de route ? est-elle tombée de fatigue ?
[740] nul ne sait, mais par la suite elle ne fut plus rendue à nos yeux,
Moi, je veux retourner dans la ville, et je ceins mes armes brillantes.
[750] Je suis décidé à reprendre tous les risques, à retraverser
Troie tout entière et exposer ma vie aux mêmes dangers.
Je commence par rejoindre les remparts et le seuil caché dans l’ombre
de la porte par laquelle j’étais sorti, et je remonte nos traces,
attentif à les suivre dans la nuit, les fouillant du regard.
[755] Partout l’horreur, partout le silence même qui l’accompagne est épouvantable.
Puis je reviens à notre maison, peut-être avait-elle, peut-être y était-elle
retournée. Mais les Danaens l’avaient envahie et l’occupaient entièrement.
Et là tout est fini, le feu dévorant poussé par le vent jusqu’en haut du toit
tourbillonne, les flammes gagnent, le brasier enfle avec fureur dans les airs.
[760] J’avance encore et je vais revoir le palais de Priam et la citadelle.
(...)Je fis plus, n’hésitant pas à donner de la voix dans l’ombre,
et j’emplis les rues de mes cris, et dans ma tristesse j’appelai Créuse,
[770] vainement je répétai son nom encore et encore.
Je la cherchais et je devenais fou, égaré sans fin parmi les toits de la ville,
quand un spectre infortuné, l’ombre de Créuse elle-même
apparut devant mes yeux, un fantôme plus grand que celle que je connaissais.
Je me figeai, mes cheveux se dressèrent et ma voix se bloqua dans la gorge.
[775] Mais elle me parlait et m’ôtait toute inquiétude par ses paroles :
« À quoi sert de t’abandonner à une douleur sans mesure,
ô mon doux époux ? Ces choses n’arrivent pas sans volonté des dieux.
Et il n’est pas permis que tu emmènes d’ici Créuse avec toi,
celui qui règne tout au-dessus de l’Olympe ne l’autorise pas.
[780] Tu vas connaître un long exil, à labourer la vaste plaine des mers,
puis tu arriveras à la terre d’Hespérie, où le Thybre Lydien
au milieu de grasses terres coule en fleuve tranquille.
Là-bas la prospérité, un royaume et une épouse royale
te sont réservés. Chasse tes larmes pour ton aimée Créuse.(...)
Maintenant, adieu, et conserve notre amour au fils qui est le nôtre. »
[790] Quand elle eut fini de parler, je pleurais, j’avais tant de choses
à lui dire, mais elle s’éloigna et s’évanouit dans l’air impalpable.
Trois fois alors j’ai essayé d’enlacer son cou de mes bras,
trois fois, agrippé en vain, le fantôme m’échappa,
comme un vent léger, comme passe un songe ailé.
[795] Ainsi je ne reviens vers mes compagnons qu’une fois la nuit terminée.
1/ Virgile est un auteur du premier siècle qui a écrit une épopée, l'Enéide, recherchez le sens du mot épopée, et trouvez les éléments biographiques et des éléments sur l'Enéide.
2/ Dans le passage précédent, qui raconte la fuite de Troie d'Enée et de sa famille, au moment où il perd sa femme des yeux, étudiez les émotions
3/ Etudiez aussi le contexte qui est évoqué
4/ Quelle image d'Enée est donnée dans ce texte?
5/Quelle image de Créüse, sa femme, est donnée?
6/ Comparez sur les mêmes points le passage suivant, qui raconte la descente d'Enée aux enfers, quand il revoit Didon / Elissa, qui est morte après avoir cru qu'il allait rester près d'elle (mais les dieux l'ont forcé à partir vers l'Italie) et qui s'est suicidée d'un coup de poignard : aux enfers elle a retrouvé son premier mari.
Livre 6. 450 etsq
Parmi elles, la Phénicienne Didon, avec sa blessure encore vive,
errait dans la grande forêt. Dès qu'il se trouva près d'elle,
le héros troyen reconnut parmi les ombres sa sombre silhouette,
tel quelqu'un qui voit ou pense avoir vu la lune
au début du mois émergeant entre les nuages. (...)
Il fondit en larmes, et lui parla doucement avec amour :
« Infortunée Didon, il était donc vrai le message
qui m'était venu : tu t'es éteinte et par le fer tu as mis fin à tes jours !
J'ai donc hélas été la cause de ta mort ? Je le jure par les astres,
les dieux et la bonne foi, si elle existe dans les profondeurs de la terre,
c'est contre mon gré, ô reine, que je me suis éloigné de ton rivage.
Mais ce sont les ordres des dieux, qui m'obligent maintenant à traverser
parmi les ombres et la nuit profonde ces lieux de désolation,
qui par leurs directives ont guidé mes pas ; et jamais je n'ai pu croire
que je t'apporterais par mon départ une si grande douleur.
Arrête ta marche et ne te soustrais pas à mon regard.
Qui fuis-tu ? C'est l'ultime fois que le sort me laisse te parler ».
Énée par ces paroles tentait d'apaiser cette âme ardente
au regard menaçant, et cherchait à lui tirer des larmes.
Mais elle se détourna, gardant les yeux fixés au sol,
sans que, dès la conversation entamée, elle trahisse sur son visage
plus d'émotion que si elle était un dur silex ou un marbre de Marpessos .
Enfin elle se ressaisit et, hostile, alla se réfugier
dans le bois ombragé où son premier époux,
Sychée, partage ses peines et lui rend son amour.
Néanmoins Énée, très frappé par l'iniquité de ce sort,
en pleurant et plein de compassion, la regarde longuement s'éloigner.
2e poème : moyen âge
--1340-140CANTICUS TROILI
Si l’amour n’existe pas, O Dieu, alors qu’est-ce que je ressens?
Et si l’amour existe, quelle chose est-il, qui n’est pas le néant?
Si
Et si j’y consens, elle est à ma charge
Ma plainte, vraiment: Ainsi ballotté de long en large
Sans gouvernail _dans un bateau je suis;
Au milieu de la mer, deux risées essuie,
Qui toujours l’une contre l’autre, soufflent batailleuses.
Hélas! Quelle est cette maladie merveilleuse?
De la chaleur du froid, de la froidure du chaud, mourant je suis..
l’amour est bon, d’où vient mon malheur?
S’il est mauvais, une merveille, il me semble, en demeure,
Quand chaque adversité et tourment
Qui viennent de lui, me semblent nectar gourmand,
Car plus j’en ai soif, plus j’en suis buveur.
Et s’il vient de mon propre désir que ma brûlure jamais ne soit extincte,
D’où viennent mes gémissements et ma plainte?
Si mes maux m’agréent, alors à qui est-ce que me plains?
Je ne sais pourquoi, infatigable, je n’en défaille pas moins.
O mort vivace, O doux coup, aux si désuètes arrière-pensées,
Comment, se peut-il, de toi, y avoir, en moi, si grande quantité,
A moins que je ne consente que tu sois ainsi invité?
Geoffrey Chaucer ( 1340-1400 )
0 )
Si l’amour n’existe pas, O Dieu, alors qu’est-ce que je ressens?
Et si l’amour existe, quelle chose est-il, qui n’est pas le néant?
Si
Et si j’y consens, elle est à ma charge
Ma plainte, vraiment: Ainsi ballotté de long en large
Sans gouvernail _dans un bateau je suis;
Au milieu de la mer, deux risées essuie,
Qui toujours l’une contre l’autre, soufflent batailleuses.
Hélas! Quelle est cette maladie merveilleuse?
De la chaleur du froid, de la froidure du chaud, mourant je suis..
l’amour est bon, d’où vient mon malheur?
S’il est mauvais, une merveille, il me semble, en demeure,
Quand chaque adversité et tourment
Qui viennent de lui, me semblent nectar gourmand,
Car plus j’en ai soif, plus j’en suis buveur.
Et s’il vient de mon propre désir que ma brûlure jamais ne soit extincte,
D’où viennent mes gémissements et ma plainte?
Si mes maux m’agréent, alors à qui est-ce que me plains?
Je ne sais pourquoi, infatigable, je n’en défaille pas moins.
O mort vivace, O doux coup, aux si désuètes arrière-pensées,
Comment, se peut-il, de toi, y avoir, en moi, si grande quantité,
A moins que je ne consente que tu sois ainsi invité?
Geoffrey Chaucer ( 1340-1400 )
0 )
--A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de Ronsard, 16e siècle, français.
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de Ronsard, 16e siècle, français.
-- 19e siècle
Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilliQuand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli
Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli !
Amour ! hymen d'en haut ! ô pur lien des âmes !
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L'impossibilité de vivre l'un sans l'autre.
- Chérie, n'est-ce pas ? cette vie est la nôtre !
Il a la paix du soir avec l'éclat du jour,
Et devient l'amitié tout en restant l'amour !
Victor Hugo, 19é
Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilliQuand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli
Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli !
Amour ! hymen d'en haut ! ô pur lien des âmes !
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L'impossibilité de vivre l'un sans l'autre.
- Chérie, n'est-ce pas ? cette vie est la nôtre !
Il a la paix du soir avec l'éclat du jour,
Et devient l'amitié tout en restant l'amour !
Victor Hugo, 19é
--Liberté
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard (1895-1952)
Poésie et Vérité
NB :
Le titre initial du poème était Une seule pensée1.
« Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné », a confié Éluard.
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard (1895-1952)
Poésie et Vérité
NB :
Le titre initial du poème était Une seule pensée1.
« Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné », a confié Éluard.
--
Pour vérifier ce que c'est qu'un poème d'amour, voici des paroles de chanson qui parlent de la douleur d'une séparation: est-ce un poème d'amour? Autre chose? Pourquoi? Analysez
Depuis que t'es partie je mange ce que je veux chez moi
Aujourd'hui c'est pizza hier c'était pizza
J'arrose tout les jours tes cactus tu leur manques à eux aussi
Vu les têtes qu'ils me tirent aujourd'hui
J'ai fait une raclette notre appareil est trop beau
On peut voir fondre le fromage à travers le hublot
Je t'ai pas demandé c'est vraiment trop bête
Si faut faire bouillir l'eau pour bien saisir un steak
Le chat est mort je pensais qu'il tiendrait plus longtemps que ça
Je pensais pas que pour les boites il aurait besoin de moi
J'arrive pas à changer les draps je veux garder ton odeur près de moi
Mais faut bien reconnaître que ça ne sent plus tellement toi
Et je me sens
comme Claude François à Castorama
comme un surfeur au Sri Lanka
Francis Huster dans un rôle de méchant
comme le marchand de sable dans le désert
comme spiderman à l'ile de Ré
un chien de chasse chez Picard surgelé
Je compte les voitures qui ressemblent à la tienne
42 twingo vertes depuis le début de la semaine
Sur ton répondeur ça dit "numéro plus attribué"
Mais j'ai reconnu ta copine Claire ça m'a fait rigoler
Sinon je vais très bien, t'inquiète, je vois des gens
Les derniers il y a trois mois c'était mes parents
Même si vu mon état ils sont pas restés longtemps
Eux aussi ont la pèche : ils sont partis en courant
Et je me sens
comme une baleine dans microcosmos
soljenitsyne à la fête de l'huma
comme Dark Vador au sauna
Mickael Jackson dans une maison de retraite
Comme un mec pressé à la poste
Comme un Flic muté en Haute-Corse
comme un western sans les chevals
comme les pauvres sans la misère
comme un banquier à découvert
Comme le journal d'avant-hier
Comme Macumba sans Madère
Comme un rappeur sans le style
comme un japonais sans kookaï
Oh no!
Comme George Bush à l'étranger
Comme Cauet sur Arte
Pour vérifier ce que c'est qu'un poème d'amour, voici des paroles de chanson qui parlent de la douleur d'une séparation: est-ce un poème d'amour? Autre chose? Pourquoi? Analysez
Depuis que t'es partie je mange ce que je veux chez moi
Aujourd'hui c'est pizza hier c'était pizza
J'arrose tout les jours tes cactus tu leur manques à eux aussi
Vu les têtes qu'ils me tirent aujourd'hui
J'ai fait une raclette notre appareil est trop beau
On peut voir fondre le fromage à travers le hublot
Je t'ai pas demandé c'est vraiment trop bête
Si faut faire bouillir l'eau pour bien saisir un steak
Le chat est mort je pensais qu'il tiendrait plus longtemps que ça
Je pensais pas que pour les boites il aurait besoin de moi
J'arrive pas à changer les draps je veux garder ton odeur près de moi
Mais faut bien reconnaître que ça ne sent plus tellement toi
Et je me sens
comme Claude François à Castorama
comme un surfeur au Sri Lanka
Francis Huster dans un rôle de méchant
comme le marchand de sable dans le désert
comme spiderman à l'ile de Ré
un chien de chasse chez Picard surgelé
Je compte les voitures qui ressemblent à la tienne
42 twingo vertes depuis le début de la semaine
Sur ton répondeur ça dit "numéro plus attribué"
Mais j'ai reconnu ta copine Claire ça m'a fait rigoler
Sinon je vais très bien, t'inquiète, je vois des gens
Les derniers il y a trois mois c'était mes parents
Même si vu mon état ils sont pas restés longtemps
Eux aussi ont la pèche : ils sont partis en courant
Et je me sens
comme une baleine dans microcosmos
soljenitsyne à la fête de l'huma
comme Dark Vador au sauna
Mickael Jackson dans une maison de retraite
Comme un mec pressé à la poste
Comme un Flic muté en Haute-Corse
comme un western sans les chevals
comme les pauvres sans la misère
comme un banquier à découvert
Comme le journal d'avant-hier
Comme Macumba sans Madère
Comme un rappeur sans le style
comme un japonais sans kookaï
Oh no!
Comme George Bush à l'étranger
Comme Cauet sur Arte