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>Le Barbier de Séville, Beaumarchais, 18e
Pour lire le texte :
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Barbier_de_S%C3%A9ville/Acte_I
C'est une comédie en cinq actes de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais. Elle a été un triomphe quand elle a été présentée. Elle s'inspire de la situation de L’École des femmes, de Molière
Cette pièce est aussi une comédie. N'hésitez pas à revoir ce qui vous est précisé dans le vocabulaire, (outils à maîtriser), les registres, registre comique.
Le comte Almaviva, tombé amoureux d'une jeune orpheline, Rosine, est prêt à tout pour l'arracher à Bartholo, son vieux tuteur, qui a depuis toujours pour projet de l’épouser. Tandis que, déguisé, il tente de mener son projet à bien, il tombe sur son ancien valet Figaro, persifleur mais entremetteur, qui l'aidera dans ses desseins.
RESUME :
Acte ILe théâtre représente une rue de Séville, Espagne. Un gentilhomme ( le Comte Almaviva, qui se fait passer pour un étudiant nommé Lindor) fait les cent pas sous la fenêtre de Rosine, la jeune femme qu'il a entrepris de séduire. Mais voilà qu'un valet arrive, portant une guitare compose gaiement des couplets. Le Comte reconnaît son ancien valet, Figaro, et l'aborde. Figaro raconte à son maître ses aventures : il a été garçon apothicaire, dramaturge malchanceux… Il en profite pour critiquer avec ironie l'illégitime supériorité des grands.
Mais voici que Rosine paraît à sa fenêtre accompagnée de Bartholo, un médecin vieillard qui ne cesse de râler. Elle tient dans la main les couplets de la Précaution Inutile, un drame à la mode. Mais les pages tombent dans la rue. C'est un stratagème de Rosine au Comte pour lui faire passer un message.
Pendant que le vieil homme descend, le papier est ramassé par le Comte. Bartholo comprend la ruse et s'enferme chez lui. Le Comte lit le papier ramassé : c'est un billet où Rosine demande à son mystérieux soupirant de se faire connaître.
Figaro comprend alors les desseins d'Almaviva et lui offre ses services. Le Comte lui raconte qu'il a rencontré cette jeune femme au Prado (promenade de Madrid), qu'il l'a recherchée pendant six mois et qu'il vient de retrouver sa trace à Séville. Figaro lui apprend qu'elle n'est pas mariée au docteur Bartholo : elle n'est que sa pupille (personne dont il a la responsabilité pour son éducation). Le Comte, fou de joie, jure de la lui arracher. Figaro fournit les médicaments à Bartholo, et peut donc entrer facilement chez lui. Il a alors une idée : il rendra malade toute la maison grâce à un médicament, puis le Comte, déguisé en cavalier, se présentera chez le vieillard en demandant à dormir chez lui et fera semblant d'être ivre pour endormir tout soupçon.
Figaro fait répéter son rôle à son ancien maître, quand Bartholo sort, se désolant de s'être laissé duper. Il est inquiet du retard d'un certain Bazile, chargé d'arranger son mariage avec Rosine pour le lendemain. Le Comte a tout entendu et se désespère. Figaro le rassure : Bazile ne représente pas de danger.
Rosine apparaît à la fenêtre. Figaro prête sa guitare au Comte Almaviva, et le pousse à chanter une romance. Le Comte déclare son amour dans ses couplets improvisés, et révèle, pour l'attendrir, son humble condition d'étudiant. Rosine chante son amour en réponse, mais doit interrompre brutalement le duo. Figaro rappelle son plan, puis part chez Bartholo.
Acte IIRosine écrit à Lindor ( qui est le nom qu'a pris Almaviva), en se lamentant sur son sort. Figaro entre et lui fait part des sentiments de Lindor à son égard. Rosine, ravie, confie sa lettre à Figaro.
Mais voici Bartholo, le tuteur… Figaro se cache dans le cabinet (petite pièce près de la chambre). Bartholo est très soupçonneux. Rosine sort, irritée. Bazile vient informer le docteur que le comte Almaviva est en ville. Bartholo veut donc se marier plus tôt avec Rosine. Bazile lui demande plus d'argent pour accélérer les procédures.
Une fois qu'ils se sont entendus, Bartholo raccompagne Bazile jusqu'à la porte et la ferme à clef. Figaro, qui a tout entendu du cabinet, sort pour informer Rosine de l'imminence du terrible mariage. Il tente de la rassurer avant de s'esquiver. Bartholo, de retour, se livre à un dur interrogatoire de Rosine car il est sûr qu'elle a écrit une lettre : le doigt de Rosine est plein d'encre, une feuille manque sur son écritoire, la plume est noire d'encre. Rosine tente alors de mentir. Bartholo ne la croit pas et va fermer sa porte à double tour. C'est alors que le Comte, déguisé en soldat, fait une entrée bruyante en feignant d'être ivre. Il tente en vain de donner une lettre à Rosine, mais Bartholo s'en aperçoit et la renvoie dans sa chambre.
Rosine feint de se mettre en colère puis, lorsque Bartholo détourne le regard, elle intervertit la lettre de son cousin et celle du comte. Elle perd alors connaissance et Bartholo en profite pour lire la lettre (du cousin donc), et se rend compte de son erreur. Il présente ses excuses à la jeune femme. Celle-ci accepte ses excuses et consent à faire la paix et à lui faire lire la lettre. Bartholo sort, et Rosine se désole car, dans sa lettre qu'elle peut désormais lire, Lindor lui recommandait de provoquer une querelle ouverte avec son tuteur.
Acte IIIPeu après, le comte se présente à nouveau chez le médecin, cette fois déguisé en maître de chant, et dit qu'il s'appelle Alonzo. Il prétend être le remplaçant de Don Bazile qui serait atteint d'une maladie.
Bartholo le croit. D'abord réticente, Rosine reconnaît Lindor et accepte une leçon de chant lors de laquelle ils peuvent se parler. Arrive Figaro, qui est barbier, et qui vient pour faire la barbe de Batholo. Il renverse la vaisselle afin d'attirer Bartholo dehors. Bazile arrive.
Acte IVBartholo et Don Bazile s'accordent sur le mariage qui devra avoir lieu à minuit. Mais le notaire est retenu par une ruse de Figaro qui le retient pour qu'il fasse le mariage d'une nièce. Bartholo apprend à Rosine que son bien-aimé Lindor est en vérité le messager du comte d'Almaviva, et il le prouve en lui montrant la lettre que Rosine lui a écrite le matin même. Rosine se jure d'épouser Bartholo.
Dans la nuit, pourtant, Figaro et le comte montent dans l'appartement de Rosine et font entrer le notaire et Don Bazile après que le comte a dévoilé qui il est vraiment à Rosine1. Le mariage est signé juste quelques instants avant que Bartholo ne revienne à la maison.
Une satirePar l'intermédiaire de Figaro, le personnage par qui Beaumarchais fait passer ses messages dans la pièce, l'auteur fait une satire de la noblesse. Il défend aussi la condition des valets.
Une pièce comiqueBeaumarchais utilise tous les procédés du comique afin de faire rire son auditoire. En voici quelques exemples :
« FIGARO. Que voulez-vous Monseigneur, c'est la misère. »
1re réplique de Bartholo : accumulation d'insultes envers Figaro
« ROSINE : Que vos répliques sont honnêtes ! »
Acte I, scène 2 :
Acte II, scène 4 :
(no 4)
Veux-tu, ma Rosinette
[…] (Il répète la reprise en dansant. Figaro, derrière lui, imite ses mouvements.) »
Acte III, scène 5 :
TEXTE 1 : (extrait)
I,2
Figaro.
De retour à Madrid, je voulus essayer de nouveau mes talents littéraires ; et le théâtre me parut un champ d’honneur…
Le Comte.
Ah ! miséricorde !
Figaro.
(Pendant sa réplique, le comte regarde avec attention du côté de la jalousie.)
En vérité, je ne sais comment je n’eus pas le plus grand succès, car j’avais rempli le parterre des plus excellents travailleurs ; des mains… comme des battoirs ; j’avais interdit les gants, les cannes, tout ce qui ne produit que des applaudissements sourds ; et d’honneur, avant la pièce, le café m’avait paru dans les meilleures dispositions pour moi. Mais les efforts de la cabale…
Le Comte.
Ah ! la cabale ! monsieur l’auteur tombé.
Figaro.
Tout comme un autre : pourquoi pas ? Ils m’ont sifflé ; mais si jamais je puis les rassembler…
Le Comte.
L’ennui te vengera bien d’eux ?
Figaro.
Ah ! comme je leur en garde, morbleu !
Le Comte.
Tu jures ! Sais-tu qu’on n’a que vingt-quatre heures au palais pour maudire ses juges ?
Figaro.
On a vingt-quatre ans au théâtre : la vie est trop courte pour user un pareil ressentiment.
Le Comte.
Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui t’a fait quitter Madrid.
Figaro.
C’est mon bon ange, Excellence, puisque je suis assez heureux pour retrouver mon ancien maître. Voyant à Madrid que la république des lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs, et tout ce qui s’attache à la peau des malheureux gens de lettres, achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait ; fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d’argent ; à la fin convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j’ai quitté Madrid
A faire :
- lire, comprendre, situer dans l'histoire en s'aidant du résumé.
- définition de la satire à apprendre : « une satire est une œuvre qui se moque assez durement d'une personne ou d'une catégorie de personnes, sur des défauts précis, en utilisant divers procédés » (cf cours dans outils à maîtriser, vocabulaire, procédés)
- utilisez cette définition pour montrer que l'extrait précédent est une satire.
A apprendre :
- le vocabulaire du théâtre
- la définition de la satire
Texte 2 :
I, 4 :
Le Comte.
Fort bien. Apprends donc que le hasard m’a fait rencontrer au Prado, il y a six mois, une jeune personne d’une beauté… Tu viens de la voir. Je l’ai fait chercher en vain par tout Madrid. Ce n’est que depuis peu de jours que j’ai découvert qu’elle s’appelle Rosine, est d’un sang noble, orpheline, et mariée à un vieux médecin de cette ville, nommé Bartholo.
Figaro.
Joli oiseau, ma foi ! difficile à dénicher ! Mais qui vous a dit qu’elle était femme du docteur ?
Le Comte.
Tout le monde.
Figaro.
C’est une histoire qu’il a forgée en arrivant de Madrid, pour donner le change aux galants et les écarter ; elle n’est encore que sa pupille, mais bientôt…
Le Comte, vivement.
Jamais ! Ah ! quelle nouvelle ! J’étais résolu de tout oser pour lui présenter mes regrets ; et je la trouve libre ! Il n’y a pas un moment à perdre ; il faut m’en faire aimer, et l’arracher à l’indigne engagement qu’on lui destine. Tu connais donc ce tuteur ?
Figaro.
Comme ma mère.
Le Comte.
Quel homme est-ce ?
Figaro, vivement.
C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris-pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette, et furète, et gronde, et geint tout à la fois.
Le Comte, impatienté.
Eh ! je l’ai vu. Son caractère ?
Figaro.
Brutal, avare, amoureux et jaloux à l’excès de sa pupille, qui le hait à la mort.
Le Comte.
Ainsi, ses moyens de plaire sont…
Figaro.
Nuls.
Le Comte.
Tant mieux. Sa probité ?
Figaro.
Tout juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu.
Le Comte.
Tant mieux. Punir un fripon en se rendant heureux…
Figaro.
C’est faire à la fois le bien public et particulier : chef-d’œuvre de morale, en vérité, monseigneur.
Le Comte.
Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte ?
Figaro.
À tout le monde : s’il pouvait la calfeutrer…
Le Comte.
Ah ! diable, tant pis. Aurais-tu de l’accès chez lui ?
Figaro.
Si j’en ai ! Primo, la maison que j’occupe appartient au docteur, qui m’y loge gratis.
Le Comte.
Ah ! ah !
Figaro.
Oui. Et moi, en reconnaissance, je lui promets dix pistoles d’or par an, gratis aussi.
Le Comte, impatienté.
Tu es son locataire ?
Figaro.
De plus son barbier, son chirurgien, son apothicaire ; il ne se donne pas dans sa maison un coup de rasoir, de lancette ou de piston, qui ne soit de la main de votre serviteur.
Le Comte l’embrasse.
Ah ! Figaro, mon ami, tu seras mon ange, mon libérateur, mon dieu tutélaire.
Figaro.
Peste ! comme l’utilité vous a bientôt rapproché les distances ! Parlez-moi des gens passionnés !
Le Comte.
Heureux Figaro ! tu vas voir ma Rosine ! tu vas la voir ! conçois-tu ton bonheur ?
Figaro.
C’est bien là un propos d’amant ! Est-ce que je l’adore, moi ? Puissiez-vous prendre ma place !
Le Comte.
Ah ! si l’on pouvait écarter tous les surveillants !
Figaro.
C’est à quoi je rêvais.
Le Comte.
Pour douze heures seulement !
Figaro.
En occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à l’intérêt d’autrui.
Le Comte.
Sans doute. Eh bien ?
Figaro, rêvant.
Je cherche dans ma tête si la pharmacie ne fournirait pas quelques petits moyens innocents…
A faire : expliquez clairement, en citant le texte, quelles sont les relations entre les personnages.
Texte 3 :
II,4 :
extrait de la discussion entre Bartholo et Rosine,
Rosine.
Et qui peut y pénétrer que vous, monsieur ?
Bartholo.
J’aime mieux craindre sans sujet, que de m’exposer sans précaution ; tout est plein de gens entreprenants, d’audacieux… N’a-t-on pas ce matin encore ramassé lestement votre chanson pendant que j’allais la chercher ? Oh ! je…
Rosine.
C’est bien mettre à plaisir de l’importance à tout ! Le vent peut avoir éloigné ce papier, le premier venu, que sais-je ?
Bartholo.
Le vent, le premier venu !… Il n’y a point de vent, madame, point de premier venu dans le monde ; et c’est toujours quelqu’un posté là exprès qui ramasse les papiers qu’une femme a l’air de laisser tomber par mégarde.
Rosine.
A l’air, monsieur ?
Bartholo.
Oui, madame, a l’air.
Rosine, à part.
Oh ! le méchant vieillard !
Bartholo.
Mais tout cela n’arrivera plus ; car je vais faire sceller cette grille.
Rosine.
Faites mieux ; murez les fenêtres tout d’un coup : d’une prison à un cachot, la différence est si peu de chose !
Bartholo.
Pour celles qui donnent sur la rue, ce ne serait peut-être pas si mal… Ce barbier n’est pas entré chez vous, au moins ?
Rosine.
Vous donne-t-il aussi de l’inquiétude ?
Bartholo.
Tout comme un autre.
Rosine.
Que vos répliques sont honnêtes !
Bartholo.
Ah ! fiez-vous à tout le monde, et vous aurez bientôt à la maison une bonne femme pour vous tromper, de bons amis pour vous la souffler, et de bons valets pour les y aider.
Rosine.
Quoi ! vous n’accordez pas même qu’on ait des principes contre la séduction de monsieur Figaro ?
Bartholo.
Qui diable entend quelque chose à la bizarrerie des femmes ? et combien j’en ai vu de ces vertus à principes…
Rosine, en colère.
Mais, monsieur, s’il suffit d’être homme pour nous plaire, pourquoi donc me déplaisez-vous si fort ?
A faire :
Lisez et comprenez le texte
Montrez l'avis que défend Bartholo
Montrez l'avis que défend Rosine : quels procédés utilise-t-elle ?
A savoir :
les procédés sont à apprendre.
Texte 4 :
II, 13
LE comte se dispute avec Bartholo, en se faisant passer pour un maréchal Ferrand et en comparant cette profession à celle de Bartholo qui est médecin :
Le Comte.
(Air : Vive le Vin.)
(Sans chanter.)
Non, docteur, je ne prétends pas
Que notre art obtienne le pas
Sur Hippocrate et sa brigade.
(En chantant.)
Votre savoir, mon camarade,
Est d’un succès plus général ;
Car s’il n’emporte point le mal,
Il emporte au moins le malade.
C’est-il poli ce que je vous dis là ?
Bartholo.
Il vous sied bien, manipuleur ignorant, de ravaler ainsi le premier, le plus grand et le plus utile des arts !
Le Comte.
Utile tout à fait, pour ceux qui l’exercent.
Bartholo.
Un art dont le soleil s’honore d’éclairer les succès.
Le Comte.
Et dont la terre s’empresse de couvrir les bévues.
Bartholo.
On voit bien, malappris, que vous n’êtes habitué de parler qu’à des chevaux.
Le Comte.
Parler à des chevaux ? Ah ! docteur, pour un docteur d’esprit… N’est-il pas de notoriété que le maréchal guérit toujours ses malades sans leur parler ; au lieu que le médecin parle beaucoup aux siens…
Bartholo.
Sans les guérir, n’est-ce pas ?
Le Comte.
C’est vous qui l’avez dit.
A faire : étudiez la satire et le comique
A apprendre : les procédés, la définition de la satire, le vocabulaire du registre comique
texte 5 :
IV, 5 / 6
Le Comte.
N’es-tu pas avec moi ? J’ai bien une autre inquiétude : c’est de la déterminer à quitter sur-le-champ la maison du tuteur.
Figaro.
Vous avez pour vous trois passions toutes-puissantes sur le beau sexe : l’amour, la haine et la crainte.
Le Comte regarde dans l’obscurité.
Comment lui annoncer brusquement que le notaire l’attend chez toi pour nous unir ? Elle trouvera mon projet bien hardi ; elle va me nommer audacieux.
Figaro.
Si elle vous nomme audacieux, vous l’appellerez cruelle. Les femmes aiment beaucoup qu’on les appelle cruelles. Au surplus, si son amour est tel que vous le désirez, vous lui direz qui vous êtes ; elle ne doutera plus de vos sentiments.
Scène VILE COMTE, ROSINE, FIGARO.
(Figaro allume toutes les bougies qui sont sur la table.)
Le Comte.
La voici. — Ma belle Rosine !…
Rosine, d’un ton très compassé.
Je commençais, monsieur, à craindre que vous ne vinssiez pas.
Le Comte.
Charmante inquiétude !… Mademoiselle, il ne me convient point d’abuser des circonstances pour vous proposer de partager le sort d’un infortuné ! mais, quelque asile que vous choisissiez, je jure sur mon honneur…
Rosine.
Monsieur, si le don de ma main n’avait pas dû suivre à l’instant celui de mon cœur, vous ne seriez pas ici. Que la nécessité justifie à vos yeux ce que cette entrevue a d’irrégulier !
Le Comte.
Vous, Rosine ! la compagne d’un malheureux ! sans fortune, sans naissance !…
Rosine.
La naissance, la fortune ! Laissons là les jeux du hasard ; et si vous m’assurez que vos intentions sont pures…
Le Comte, à ses pieds.
Ah ! Rosine ! je vous adore !…
Rosine, indignée.
Arrêtez, malheureux !… vous osez profaner… Tu m’adores !… va, tu n’es plus dangereux pour moi : j’attendais ce mot pour te détester. Mais, avant de t’abandonner au remords qui t’attend (en pleurant), apprends que je t’aimais, apprends que je faisais mon bonheur de partager ton mauvais sort. Misérable Lindor ! j’allais tout quitter pour te suivre. Mais le lâche abus que tu as fait de mes bontés, et l’indignité de cet affreux comte Almaviva, à qui tu me vendais, ont fait rentrer dans mes mains ce témoignage de ma faiblesse. Connais-tu cette lettre ?
Le Comte, vivement.
Que votre tuteur vous a remise ?
Rosine, fièrement.
Oui, je lui en ai l’obligation.
Le Comte.
Dieux, que je suis heureux ! Il la tient de moi. Dans mon embarras, hier, je m’en suis servi pour arracher sa confiance ; et je n’ai pu trouver l’instant de vous en informer. Ah, Rosine ! il est donc vrai que vous m’aimez véritablement !
Figaro.
Monseigneur, vous cherchiez une femme qui vous aimât pour vous-même…
Rosine.
Monseigneur !… Que dit-il ?
Le Comte, jetant son large manteau, paraît en habit magnifique.
Ô la plus aimée des femmes ! il n’est plus temps de vous abuser : l’heureux homme que vous voyez à vos pieds n’est point Lindor ; je suis le comte Almaviva, qui meurt d’amour, et vous cherche en vain depuis six mois.
Rosine tombe dans les bras du comte.
Ah !…
Le Comte, effrayé.
Figaro ?
Figaro.
Point d’inquiétude, monseigneur ; la douce émotion de la joie n’a jamais de suites fâcheuses : la voilà, la voilà qui reprend ses sens. Morbleu ! qu’elle est belle !
A faire :
- montrez que le comte ne gère rien tout seul et compte toujours sur Figaro pour le guider. Montrez aussi, en utilisant l'ensemble de la pièce, que Figaro est plus intelligent que le comte.
- sc 5 : quelle est l'image de la femme qui est montrée ici ? (ou les images si c'est le cas?)
A apprendre : revoir tout ce qui a été vu
Texte dernier :
III, 11
Basile, impatienté.
Eh ! non, je ne l’ai pas vu, l’homme de loi.
Le Comte, à Bartholo, à part.
Voulez-vous donc qu’il s’explique ici devant elle ? Renvoyez-le.
Bartholo, bas au comte.
Vous avez raison. (À Basile.) Mais quel mal vous a donc pris si subitement ?
Basile, en colère.
Je ne vous entends pas.
Le Comte lui met à part une bourse dans la main.
Oui, monsieur vous demande ce que vous venez faire ici, dans l’état d’indisposition où vous êtes ?
Figaro.
Il est pâle comme un mort !
Basile.
Ah ! je comprends…
Le Comte.
Allez vous coucher, mon cher Basile : vous n’êtes pas bien, et vous nous faites mourir de frayeur. Allez vous coucher.
Figaro.
Il a la physionomie toute renversée. Allez vous coucher.
Bartholo.
D’honneur, il sent la fièvre d’une lieue. Allez vous coucher.
Rosine.
Pourquoi êtes-vous donc sorti ? On dit que cela se gagne. Allez vous coucher.
Basile, au dernier étonnement.
Que j’aille me coucher !
Tous les acteurs ensemble.
Eh ! sans doute.
Basile, les regardant tous.
En effet, messieurs, je crois que je ne ferai pas mal de me retirer ; je sens que je ne suis pas ici dans mon assiette ordinaire.
A faire :
lire et comprendre
voir quel type de comique est à l'oeuvre et expliquer ce que peut ressent Bazile.
A apprendre : tout ce qui a été vu : la satire, les procédés, le registre comique, les types de comique, et savoir résumer la pièce et expliquer les liens entre les personnages.
Pour lire le texte :
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Barbier_de_S%C3%A9ville/Acte_I
C'est une comédie en cinq actes de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais. Elle a été un triomphe quand elle a été présentée. Elle s'inspire de la situation de L’École des femmes, de Molière
Cette pièce est aussi une comédie. N'hésitez pas à revoir ce qui vous est précisé dans le vocabulaire, (outils à maîtriser), les registres, registre comique.
Le comte Almaviva, tombé amoureux d'une jeune orpheline, Rosine, est prêt à tout pour l'arracher à Bartholo, son vieux tuteur, qui a depuis toujours pour projet de l’épouser. Tandis que, déguisé, il tente de mener son projet à bien, il tombe sur son ancien valet Figaro, persifleur mais entremetteur, qui l'aidera dans ses desseins.
RESUME :
Acte ILe théâtre représente une rue de Séville, Espagne. Un gentilhomme ( le Comte Almaviva, qui se fait passer pour un étudiant nommé Lindor) fait les cent pas sous la fenêtre de Rosine, la jeune femme qu'il a entrepris de séduire. Mais voilà qu'un valet arrive, portant une guitare compose gaiement des couplets. Le Comte reconnaît son ancien valet, Figaro, et l'aborde. Figaro raconte à son maître ses aventures : il a été garçon apothicaire, dramaturge malchanceux… Il en profite pour critiquer avec ironie l'illégitime supériorité des grands.
Mais voici que Rosine paraît à sa fenêtre accompagnée de Bartholo, un médecin vieillard qui ne cesse de râler. Elle tient dans la main les couplets de la Précaution Inutile, un drame à la mode. Mais les pages tombent dans la rue. C'est un stratagème de Rosine au Comte pour lui faire passer un message.
Pendant que le vieil homme descend, le papier est ramassé par le Comte. Bartholo comprend la ruse et s'enferme chez lui. Le Comte lit le papier ramassé : c'est un billet où Rosine demande à son mystérieux soupirant de se faire connaître.
Figaro comprend alors les desseins d'Almaviva et lui offre ses services. Le Comte lui raconte qu'il a rencontré cette jeune femme au Prado (promenade de Madrid), qu'il l'a recherchée pendant six mois et qu'il vient de retrouver sa trace à Séville. Figaro lui apprend qu'elle n'est pas mariée au docteur Bartholo : elle n'est que sa pupille (personne dont il a la responsabilité pour son éducation). Le Comte, fou de joie, jure de la lui arracher. Figaro fournit les médicaments à Bartholo, et peut donc entrer facilement chez lui. Il a alors une idée : il rendra malade toute la maison grâce à un médicament, puis le Comte, déguisé en cavalier, se présentera chez le vieillard en demandant à dormir chez lui et fera semblant d'être ivre pour endormir tout soupçon.
Figaro fait répéter son rôle à son ancien maître, quand Bartholo sort, se désolant de s'être laissé duper. Il est inquiet du retard d'un certain Bazile, chargé d'arranger son mariage avec Rosine pour le lendemain. Le Comte a tout entendu et se désespère. Figaro le rassure : Bazile ne représente pas de danger.
Rosine apparaît à la fenêtre. Figaro prête sa guitare au Comte Almaviva, et le pousse à chanter une romance. Le Comte déclare son amour dans ses couplets improvisés, et révèle, pour l'attendrir, son humble condition d'étudiant. Rosine chante son amour en réponse, mais doit interrompre brutalement le duo. Figaro rappelle son plan, puis part chez Bartholo.
Acte IIRosine écrit à Lindor ( qui est le nom qu'a pris Almaviva), en se lamentant sur son sort. Figaro entre et lui fait part des sentiments de Lindor à son égard. Rosine, ravie, confie sa lettre à Figaro.
Mais voici Bartholo, le tuteur… Figaro se cache dans le cabinet (petite pièce près de la chambre). Bartholo est très soupçonneux. Rosine sort, irritée. Bazile vient informer le docteur que le comte Almaviva est en ville. Bartholo veut donc se marier plus tôt avec Rosine. Bazile lui demande plus d'argent pour accélérer les procédures.
Une fois qu'ils se sont entendus, Bartholo raccompagne Bazile jusqu'à la porte et la ferme à clef. Figaro, qui a tout entendu du cabinet, sort pour informer Rosine de l'imminence du terrible mariage. Il tente de la rassurer avant de s'esquiver. Bartholo, de retour, se livre à un dur interrogatoire de Rosine car il est sûr qu'elle a écrit une lettre : le doigt de Rosine est plein d'encre, une feuille manque sur son écritoire, la plume est noire d'encre. Rosine tente alors de mentir. Bartholo ne la croit pas et va fermer sa porte à double tour. C'est alors que le Comte, déguisé en soldat, fait une entrée bruyante en feignant d'être ivre. Il tente en vain de donner une lettre à Rosine, mais Bartholo s'en aperçoit et la renvoie dans sa chambre.
Rosine feint de se mettre en colère puis, lorsque Bartholo détourne le regard, elle intervertit la lettre de son cousin et celle du comte. Elle perd alors connaissance et Bartholo en profite pour lire la lettre (du cousin donc), et se rend compte de son erreur. Il présente ses excuses à la jeune femme. Celle-ci accepte ses excuses et consent à faire la paix et à lui faire lire la lettre. Bartholo sort, et Rosine se désole car, dans sa lettre qu'elle peut désormais lire, Lindor lui recommandait de provoquer une querelle ouverte avec son tuteur.
Acte IIIPeu après, le comte se présente à nouveau chez le médecin, cette fois déguisé en maître de chant, et dit qu'il s'appelle Alonzo. Il prétend être le remplaçant de Don Bazile qui serait atteint d'une maladie.
Bartholo le croit. D'abord réticente, Rosine reconnaît Lindor et accepte une leçon de chant lors de laquelle ils peuvent se parler. Arrive Figaro, qui est barbier, et qui vient pour faire la barbe de Batholo. Il renverse la vaisselle afin d'attirer Bartholo dehors. Bazile arrive.
Acte IVBartholo et Don Bazile s'accordent sur le mariage qui devra avoir lieu à minuit. Mais le notaire est retenu par une ruse de Figaro qui le retient pour qu'il fasse le mariage d'une nièce. Bartholo apprend à Rosine que son bien-aimé Lindor est en vérité le messager du comte d'Almaviva, et il le prouve en lui montrant la lettre que Rosine lui a écrite le matin même. Rosine se jure d'épouser Bartholo.
Dans la nuit, pourtant, Figaro et le comte montent dans l'appartement de Rosine et font entrer le notaire et Don Bazile après que le comte a dévoilé qui il est vraiment à Rosine1. Le mariage est signé juste quelques instants avant que Bartholo ne revienne à la maison.
Une satirePar l'intermédiaire de Figaro, le personnage par qui Beaumarchais fait passer ses messages dans la pièce, l'auteur fait une satire de la noblesse. Il défend aussi la condition des valets.
Une pièce comiqueBeaumarchais utilise tous les procédés du comique afin de faire rire son auditoire. En voici quelques exemples :
- Le comique de caractère : Bartholo, le vieux barbon, jaloux et râleur. / Figaro, barbier, intelligent, rusé, capable de se sortir de n'importe quelle situation. (il est bien plus intelligent que son maître )
- Le comique de langage :
« FIGARO. Que voulez-vous Monseigneur, c'est la misère. »
1re réplique de Bartholo : accumulation d'insultes envers Figaro
« ROSINE : Que vos répliques sont honnêtes ! »
Acte I, scène 2 :
Acte II, scène 4 :
- Le comique de geste :
(no 4)
Veux-tu, ma Rosinette
[…] (Il répète la reprise en dansant. Figaro, derrière lui, imite ses mouvements.) »
Acte III, scène 5 :
- Le comique de situation :
TEXTE 1 : (extrait)
I,2
Figaro.
De retour à Madrid, je voulus essayer de nouveau mes talents littéraires ; et le théâtre me parut un champ d’honneur…
Le Comte.
Ah ! miséricorde !
Figaro.
(Pendant sa réplique, le comte regarde avec attention du côté de la jalousie.)
En vérité, je ne sais comment je n’eus pas le plus grand succès, car j’avais rempli le parterre des plus excellents travailleurs ; des mains… comme des battoirs ; j’avais interdit les gants, les cannes, tout ce qui ne produit que des applaudissements sourds ; et d’honneur, avant la pièce, le café m’avait paru dans les meilleures dispositions pour moi. Mais les efforts de la cabale…
Le Comte.
Ah ! la cabale ! monsieur l’auteur tombé.
Figaro.
Tout comme un autre : pourquoi pas ? Ils m’ont sifflé ; mais si jamais je puis les rassembler…
Le Comte.
L’ennui te vengera bien d’eux ?
Figaro.
Ah ! comme je leur en garde, morbleu !
Le Comte.
Tu jures ! Sais-tu qu’on n’a que vingt-quatre heures au palais pour maudire ses juges ?
Figaro.
On a vingt-quatre ans au théâtre : la vie est trop courte pour user un pareil ressentiment.
Le Comte.
Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui t’a fait quitter Madrid.
Figaro.
C’est mon bon ange, Excellence, puisque je suis assez heureux pour retrouver mon ancien maître. Voyant à Madrid que la république des lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs, et tout ce qui s’attache à la peau des malheureux gens de lettres, achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait ; fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d’argent ; à la fin convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j’ai quitté Madrid
A faire :
- lire, comprendre, situer dans l'histoire en s'aidant du résumé.
- définition de la satire à apprendre : « une satire est une œuvre qui se moque assez durement d'une personne ou d'une catégorie de personnes, sur des défauts précis, en utilisant divers procédés » (cf cours dans outils à maîtriser, vocabulaire, procédés)
- utilisez cette définition pour montrer que l'extrait précédent est une satire.
A apprendre :
- le vocabulaire du théâtre
- la définition de la satire
Texte 2 :
I, 4 :
Le Comte.
Fort bien. Apprends donc que le hasard m’a fait rencontrer au Prado, il y a six mois, une jeune personne d’une beauté… Tu viens de la voir. Je l’ai fait chercher en vain par tout Madrid. Ce n’est que depuis peu de jours que j’ai découvert qu’elle s’appelle Rosine, est d’un sang noble, orpheline, et mariée à un vieux médecin de cette ville, nommé Bartholo.
Figaro.
Joli oiseau, ma foi ! difficile à dénicher ! Mais qui vous a dit qu’elle était femme du docteur ?
Le Comte.
Tout le monde.
Figaro.
C’est une histoire qu’il a forgée en arrivant de Madrid, pour donner le change aux galants et les écarter ; elle n’est encore que sa pupille, mais bientôt…
Le Comte, vivement.
Jamais ! Ah ! quelle nouvelle ! J’étais résolu de tout oser pour lui présenter mes regrets ; et je la trouve libre ! Il n’y a pas un moment à perdre ; il faut m’en faire aimer, et l’arracher à l’indigne engagement qu’on lui destine. Tu connais donc ce tuteur ?
Figaro.
Comme ma mère.
Le Comte.
Quel homme est-ce ?
Figaro, vivement.
C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris-pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette, et furète, et gronde, et geint tout à la fois.
Le Comte, impatienté.
Eh ! je l’ai vu. Son caractère ?
Figaro.
Brutal, avare, amoureux et jaloux à l’excès de sa pupille, qui le hait à la mort.
Le Comte.
Ainsi, ses moyens de plaire sont…
Figaro.
Nuls.
Le Comte.
Tant mieux. Sa probité ?
Figaro.
Tout juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu.
Le Comte.
Tant mieux. Punir un fripon en se rendant heureux…
Figaro.
C’est faire à la fois le bien public et particulier : chef-d’œuvre de morale, en vérité, monseigneur.
Le Comte.
Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte ?
Figaro.
À tout le monde : s’il pouvait la calfeutrer…
Le Comte.
Ah ! diable, tant pis. Aurais-tu de l’accès chez lui ?
Figaro.
Si j’en ai ! Primo, la maison que j’occupe appartient au docteur, qui m’y loge gratis.
Le Comte.
Ah ! ah !
Figaro.
Oui. Et moi, en reconnaissance, je lui promets dix pistoles d’or par an, gratis aussi.
Le Comte, impatienté.
Tu es son locataire ?
Figaro.
De plus son barbier, son chirurgien, son apothicaire ; il ne se donne pas dans sa maison un coup de rasoir, de lancette ou de piston, qui ne soit de la main de votre serviteur.
Le Comte l’embrasse.
Ah ! Figaro, mon ami, tu seras mon ange, mon libérateur, mon dieu tutélaire.
Figaro.
Peste ! comme l’utilité vous a bientôt rapproché les distances ! Parlez-moi des gens passionnés !
Le Comte.
Heureux Figaro ! tu vas voir ma Rosine ! tu vas la voir ! conçois-tu ton bonheur ?
Figaro.
C’est bien là un propos d’amant ! Est-ce que je l’adore, moi ? Puissiez-vous prendre ma place !
Le Comte.
Ah ! si l’on pouvait écarter tous les surveillants !
Figaro.
C’est à quoi je rêvais.
Le Comte.
Pour douze heures seulement !
Figaro.
En occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à l’intérêt d’autrui.
Le Comte.
Sans doute. Eh bien ?
Figaro, rêvant.
Je cherche dans ma tête si la pharmacie ne fournirait pas quelques petits moyens innocents…
A faire : expliquez clairement, en citant le texte, quelles sont les relations entre les personnages.
Texte 3 :
II,4 :
extrait de la discussion entre Bartholo et Rosine,
Rosine.
Et qui peut y pénétrer que vous, monsieur ?
Bartholo.
J’aime mieux craindre sans sujet, que de m’exposer sans précaution ; tout est plein de gens entreprenants, d’audacieux… N’a-t-on pas ce matin encore ramassé lestement votre chanson pendant que j’allais la chercher ? Oh ! je…
Rosine.
C’est bien mettre à plaisir de l’importance à tout ! Le vent peut avoir éloigné ce papier, le premier venu, que sais-je ?
Bartholo.
Le vent, le premier venu !… Il n’y a point de vent, madame, point de premier venu dans le monde ; et c’est toujours quelqu’un posté là exprès qui ramasse les papiers qu’une femme a l’air de laisser tomber par mégarde.
Rosine.
A l’air, monsieur ?
Bartholo.
Oui, madame, a l’air.
Rosine, à part.
Oh ! le méchant vieillard !
Bartholo.
Mais tout cela n’arrivera plus ; car je vais faire sceller cette grille.
Rosine.
Faites mieux ; murez les fenêtres tout d’un coup : d’une prison à un cachot, la différence est si peu de chose !
Bartholo.
Pour celles qui donnent sur la rue, ce ne serait peut-être pas si mal… Ce barbier n’est pas entré chez vous, au moins ?
Rosine.
Vous donne-t-il aussi de l’inquiétude ?
Bartholo.
Tout comme un autre.
Rosine.
Que vos répliques sont honnêtes !
Bartholo.
Ah ! fiez-vous à tout le monde, et vous aurez bientôt à la maison une bonne femme pour vous tromper, de bons amis pour vous la souffler, et de bons valets pour les y aider.
Rosine.
Quoi ! vous n’accordez pas même qu’on ait des principes contre la séduction de monsieur Figaro ?
Bartholo.
Qui diable entend quelque chose à la bizarrerie des femmes ? et combien j’en ai vu de ces vertus à principes…
Rosine, en colère.
Mais, monsieur, s’il suffit d’être homme pour nous plaire, pourquoi donc me déplaisez-vous si fort ?
A faire :
Lisez et comprenez le texte
Montrez l'avis que défend Bartholo
Montrez l'avis que défend Rosine : quels procédés utilise-t-elle ?
A savoir :
les procédés sont à apprendre.
Texte 4 :
II, 13
LE comte se dispute avec Bartholo, en se faisant passer pour un maréchal Ferrand et en comparant cette profession à celle de Bartholo qui est médecin :
Le Comte.
(Air : Vive le Vin.)
(Sans chanter.)
Non, docteur, je ne prétends pas
Que notre art obtienne le pas
Sur Hippocrate et sa brigade.
(En chantant.)
Votre savoir, mon camarade,
Est d’un succès plus général ;
Car s’il n’emporte point le mal,
Il emporte au moins le malade.
C’est-il poli ce que je vous dis là ?
Bartholo.
Il vous sied bien, manipuleur ignorant, de ravaler ainsi le premier, le plus grand et le plus utile des arts !
Le Comte.
Utile tout à fait, pour ceux qui l’exercent.
Bartholo.
Un art dont le soleil s’honore d’éclairer les succès.
Le Comte.
Et dont la terre s’empresse de couvrir les bévues.
Bartholo.
On voit bien, malappris, que vous n’êtes habitué de parler qu’à des chevaux.
Le Comte.
Parler à des chevaux ? Ah ! docteur, pour un docteur d’esprit… N’est-il pas de notoriété que le maréchal guérit toujours ses malades sans leur parler ; au lieu que le médecin parle beaucoup aux siens…
Bartholo.
Sans les guérir, n’est-ce pas ?
Le Comte.
C’est vous qui l’avez dit.
A faire : étudiez la satire et le comique
A apprendre : les procédés, la définition de la satire, le vocabulaire du registre comique
texte 5 :
IV, 5 / 6
Le Comte.
N’es-tu pas avec moi ? J’ai bien une autre inquiétude : c’est de la déterminer à quitter sur-le-champ la maison du tuteur.
Figaro.
Vous avez pour vous trois passions toutes-puissantes sur le beau sexe : l’amour, la haine et la crainte.
Le Comte regarde dans l’obscurité.
Comment lui annoncer brusquement que le notaire l’attend chez toi pour nous unir ? Elle trouvera mon projet bien hardi ; elle va me nommer audacieux.
Figaro.
Si elle vous nomme audacieux, vous l’appellerez cruelle. Les femmes aiment beaucoup qu’on les appelle cruelles. Au surplus, si son amour est tel que vous le désirez, vous lui direz qui vous êtes ; elle ne doutera plus de vos sentiments.
Scène VILE COMTE, ROSINE, FIGARO.
(Figaro allume toutes les bougies qui sont sur la table.)
Le Comte.
La voici. — Ma belle Rosine !…
Rosine, d’un ton très compassé.
Je commençais, monsieur, à craindre que vous ne vinssiez pas.
Le Comte.
Charmante inquiétude !… Mademoiselle, il ne me convient point d’abuser des circonstances pour vous proposer de partager le sort d’un infortuné ! mais, quelque asile que vous choisissiez, je jure sur mon honneur…
Rosine.
Monsieur, si le don de ma main n’avait pas dû suivre à l’instant celui de mon cœur, vous ne seriez pas ici. Que la nécessité justifie à vos yeux ce que cette entrevue a d’irrégulier !
Le Comte.
Vous, Rosine ! la compagne d’un malheureux ! sans fortune, sans naissance !…
Rosine.
La naissance, la fortune ! Laissons là les jeux du hasard ; et si vous m’assurez que vos intentions sont pures…
Le Comte, à ses pieds.
Ah ! Rosine ! je vous adore !…
Rosine, indignée.
Arrêtez, malheureux !… vous osez profaner… Tu m’adores !… va, tu n’es plus dangereux pour moi : j’attendais ce mot pour te détester. Mais, avant de t’abandonner au remords qui t’attend (en pleurant), apprends que je t’aimais, apprends que je faisais mon bonheur de partager ton mauvais sort. Misérable Lindor ! j’allais tout quitter pour te suivre. Mais le lâche abus que tu as fait de mes bontés, et l’indignité de cet affreux comte Almaviva, à qui tu me vendais, ont fait rentrer dans mes mains ce témoignage de ma faiblesse. Connais-tu cette lettre ?
Le Comte, vivement.
Que votre tuteur vous a remise ?
Rosine, fièrement.
Oui, je lui en ai l’obligation.
Le Comte.
Dieux, que je suis heureux ! Il la tient de moi. Dans mon embarras, hier, je m’en suis servi pour arracher sa confiance ; et je n’ai pu trouver l’instant de vous en informer. Ah, Rosine ! il est donc vrai que vous m’aimez véritablement !
Figaro.
Monseigneur, vous cherchiez une femme qui vous aimât pour vous-même…
Rosine.
Monseigneur !… Que dit-il ?
Le Comte, jetant son large manteau, paraît en habit magnifique.
Ô la plus aimée des femmes ! il n’est plus temps de vous abuser : l’heureux homme que vous voyez à vos pieds n’est point Lindor ; je suis le comte Almaviva, qui meurt d’amour, et vous cherche en vain depuis six mois.
Rosine tombe dans les bras du comte.
Ah !…
Le Comte, effrayé.
Figaro ?
Figaro.
Point d’inquiétude, monseigneur ; la douce émotion de la joie n’a jamais de suites fâcheuses : la voilà, la voilà qui reprend ses sens. Morbleu ! qu’elle est belle !
A faire :
- montrez que le comte ne gère rien tout seul et compte toujours sur Figaro pour le guider. Montrez aussi, en utilisant l'ensemble de la pièce, que Figaro est plus intelligent que le comte.
- sc 5 : quelle est l'image de la femme qui est montrée ici ? (ou les images si c'est le cas?)
A apprendre : revoir tout ce qui a été vu
Texte dernier :
III, 11
Basile, impatienté.
Eh ! non, je ne l’ai pas vu, l’homme de loi.
Le Comte, à Bartholo, à part.
Voulez-vous donc qu’il s’explique ici devant elle ? Renvoyez-le.
Bartholo, bas au comte.
Vous avez raison. (À Basile.) Mais quel mal vous a donc pris si subitement ?
Basile, en colère.
Je ne vous entends pas.
Le Comte lui met à part une bourse dans la main.
Oui, monsieur vous demande ce que vous venez faire ici, dans l’état d’indisposition où vous êtes ?
Figaro.
Il est pâle comme un mort !
Basile.
Ah ! je comprends…
Le Comte.
Allez vous coucher, mon cher Basile : vous n’êtes pas bien, et vous nous faites mourir de frayeur. Allez vous coucher.
Figaro.
Il a la physionomie toute renversée. Allez vous coucher.
Bartholo.
D’honneur, il sent la fièvre d’une lieue. Allez vous coucher.
Rosine.
Pourquoi êtes-vous donc sorti ? On dit que cela se gagne. Allez vous coucher.
Basile, au dernier étonnement.
Que j’aille me coucher !
Tous les acteurs ensemble.
Eh ! sans doute.
Basile, les regardant tous.
En effet, messieurs, je crois que je ne ferai pas mal de me retirer ; je sens que je ne suis pas ici dans mon assiette ordinaire.
A faire :
lire et comprendre
voir quel type de comique est à l'oeuvre et expliquer ce que peut ressent Bazile.
A apprendre : tout ce qui a été vu : la satire, les procédés, le registre comique, les types de comique, et savoir résumer la pièce et expliquer les liens entre les personnages.