Texte 1 Victor Hugo, 19e siècle
Un vieil armateur offre la main de sa ravissante nièce à celui qui sauvera les machines encore intactes de son bateau qui s'est échoué... Gilliatt, un pêcheur un peu mystérieux, amoureux fou de la jeune fille, décide de tenter l'aventure. Seul dans une grotte marine, il se trouve confronté à un terrible danger...
Tout à coup il se sentit saisir le bras. Ce qu'il éprouva en ce moment, c'est l'horreur indescriptible. Quelque chose qui était mince, âpre, plat, glacé, gluant et vivant venait de se tordre dans l'ombre autour de son bras nu. Cela lui montait vers la poitrine. C'était la pression d'une courroie et la poussée d'une vrille. En moins d'une seconde, on ne sait quelle spirale lui avait envahi le poignet et le coude et touchait l'épaule. La pointe fouillait sous son aisselle. Gilliatt se rejeta en arrière, mais put à peine remuer. Il était comme cloué. De sa main gauche restée libre il prit son couteau qu'il avait entre les dents, et de cette main, tenant le couteau, s'arc-bouta au rocher, avec un effort désespéré pour retirer son bras. Il ne réussit qu'à inquiéter un peu la ligature, qui se resserra. Elle était souple comme le cuir, solide comme l'acier, froide comme la nuit. Une deuxième lanière, étroite et aiguë, sortit de la crevasse du roc. C'était comme une langue hors d'une gueule. Elle lécha épouvantablement le torse nu de Gilliatt, et tout à coup s'allongeant, démesurée et fine, elle s'appliqua sur sa peau et lui entoura tout le corps. En même temps une souffrance inouïe, comparable à rien, soulevait les muscles crispés de Gilliatt. Il sentait dans sa peau des enfoncements ronds, horribles. Il lui semblait que d'innombrables lèvres, collées à sa chair, cherchaient à lui boire le sang. Une troisième lanière ondoya hors du rocher, tâta Gilliatt, et lui fouetta les côtes comme une corde. Elle s'y fixa. L'angoisse, à son paroxysme, est muette. Gilliatt ne jetait pas un cri. Il y avait assez de jour pour qu'il pût voir les repoussantes formes appliquées sur lui. Une quatrième ligature, celle-ci rapide comme une flèche, lui sauta autour du ventre et s'y enroula. Impossible de couper ni d'arracher ces courroies visqueuses qui adhéraient étroitement au corps de Gilliatt et par quantité de points. Chacun de ces points était un foyer d'affreuse et bizarre douleur. C'était ce qu'on éprouverait si l'on se sentait avalé à la fois par une foule de bouches trop petites. Un cinquième allongement jaillit du trou. Il se superposa aux autres et vint se replier sur le diaphragme de Gilliatt. La compression s'ajoutait à l'anxiété ; Gilliatt pouvait à peine respirer. Ces lanières, pointues à leur extrémité, allaient s'élargissant comme des lames d'épée vers la poignée. Toutes les cinq appartenaient évidemment au même centre. Elles marchaient et rampaient sur Gilliatt. Il sentait se déplacer ces pressions obscures qui lui semblaient être des bouches. Brusquement une large viscosité ronde et plate sortit de dessous la crevasse. C'était le centre ; les cinq lanières s'y rattachaient comme des rayons à un moyeu ; on distinguait au côté opposé de ce disque immonde le commencement de trois autres tentacules, restés sous l'enfoncement du rocher. Au milieu de cette viscosité il y avait deux yeux qui regardaient. Ces yeux voyaient Gilliatt. Gilliatt reconnut l.....................
Victor Hugo Les Travailleurs de la mer
CE QUE NOUS AVONS FAIT : Nous avons cherché qui était le héros ; où ça se passait ; quand ; ce que faisait le héros Nous avons aussi cherché tous les mots qui désignent le monstre (pas ce qu'il fait, juste le monstre en, partie ou en totalité)
Ce qu'il faut savoir :
nous avons appris à identifier des figures de style : énumération, rythme ternaire, comparaison,il faut connaître leur définition.
TEXTE 2 Homère, Antiquité grecque
Homère, Odyssée, chant 9
(Ulysse a passé dix ans après la guerre de Troie retenu par des aventures que Neptune lui a imposées. Lorsque les dieux lui accordent de rentrer chez lui pour revoir sa femme Pénélope et son fils Télémaque, il raconte, chez les Phéaciens, pourquoi Neptune lui a imposé toutes ces épreuves :)
« Lorsque nous touchons au rivage du pays des Cyclopes, nous apercevons à l'entrée du port, près de la mer, une caverne immense ombragée de lauriers. Là reposent de nombreux troupeaux de chèvres et de brebis. Autour de la caverne s'étend une bergerie construite sur des pierres enfouies dans le sol et entourées de pins énormes et de chênes à la haute chevelure. Là demeure aussi un homme gigantesque, qui, seul, fait paître au loin ses troupeaux : il ne se mêle point aux autres Cyclopes, mais, toujours à l'écart, il renferme dans son cœur l'injustice et la cruauté. Ce monstre horrible n'est point semblable aux autres humains qui se nourrissent des doux fruits de la terre ; car il ressemble à un mont élevé couronné d'arbres, dont le sommet s'élève au-dessus de toutes les montagnes. (…)
216 » Bientôt nous arrivons à l'antre, et nous n'apercevons point le géant : il faisait paître ses magnifiques troupeaux. Nous entrons dans la caverne et nous y trouvons des corbeilles chargées de fromage. Des chevreaux et des agneaux remplissent la bergerie et sont enfermés dans différentes enceintes : dans les unes sont les agneaux nés les premiers, dans les autres sent les plus jeunes, et dans les troisièmes sont ceux qui ne viennent que de naître. Nous y trouvons encore des vases de toutes espèces dans lesquels le Cyclope trait ses troupeaux et qui sont remplis de lait et rangés en ordre. Mes compagnons m'engagent à prendre quelques fromages et à nous en retourner ensuite ; ils me supplient aussi d'enlever des chèvres et des brebis, de les emmener dans notre navire et de franchir avec elles l'onde amère. Mais moi je ne les écoutai point (j'eusse cependant mieux fait de suivre leurs conseils !), parce que je voulais voir le Cyclope et savoir s'il m'accorderait les présents de l'hospitalité. Hélas ! cette entrevue devait être fatale à mes braves compagnons ! (...)
231 » Nous allumons des bûchers et nous offrons des sacrifices aux dieux immortels ; puis nous prenons quelques fromages et nous les mangeons en attendant le Cyclope qui arrive bientôt en portant un lourd fardeau de bois desséché pour apprêter son repas et qu'il jette à l'entrée de sa caverne avec un bruit horrible. Nous, saisis d'effroi, nous fuyons jusqu'au fond de l'antre. Le Cyclope fait entrer dans sa vaste grotte toutes les chèvres qu'il veut traire ; il laisse dans la cour les boucs et les béliers, et il soulève et roule un énorme rocher qu'il applique ensuite contre sa demeure. Vingt-deux chariots à quatre roues n'auraient pu remuer la lourde pierre qu'il vient de placer à l'entrée de sa caverne. (…)
252 Aux accents terribles de cette voix formidable et à l'aspect de cet affreux colosse, nous sommes saisis d'effroi. (…)
mais ma grande expérience n'est point dupe de ses ruses, et je lui réponds à mon tour par ces trompeuses paroles :
283 « Neptune, le dieu qui ébranle la terre, a brisé mon navire en le jetant contre un rocher, au moment où j'allais toucher le promontoire qui s'élève sur les bords de ton île ; et le vent a dispersé les débris de mon frêle esquif sur les flots de la mer. Moi et ces guerriers, nous avons seuls échappé à la triste mort ! »
( Ulysse lui dit aussi qu'il s'appelle « Personne ».)
A ces paroles le Cyclope ne répond rien. Il se lève brusquement, saisit deux de mes compagnons et les écrase comme de jeunes faons contre la pierre de la grotte : leur cervelle jaillit à l'instant et se répand sur la terre. Alors il divise leurs membres palpitants, prépare son repas, et, semblable au lion des montagnes, il dévore les chairs, les entrailles, et même les os remplis de moelle de mes deux compagnons. A la vue de cette indigne cruauté nous élevons, en gémissant, nos mains vers Jupiter, et le désespoir s'empare de nos âmes. Quand le Cyclope a rempli son vaste corps en mangeant ces chairs humaines, il boit un lait pur, se couche dans la caverne, et s'étend au milieu de ses troupeaux. — Je voulus m'approcher de ce monstre, tirer le glaive aigu que je portais à mes côtés et le lui enfoncer dans la poitrine, à l'endroit où les muscles retiennent le foie, mais une autre pensée me retint ; car nous aurions péri dans cette grotte, et nous n'aurions jamais pu enlever avec nos mains l'énorme rocher que le géant avait placé à l'entrée de sa caverne. (…)
Parmi tous les projets qui se présentent à mon esprit, celui-ci me semble préférable : — Le Cyclope avait placé dans l'étable l'énorme tronc d'un verdoyant olivier qu'il avait coupé pour lui servir de bâton quand cet arbre serait desséché ; nous le comparions, nous, au mât d'un navire sombre et pesant, garni de vingt rames, d'un de ces navires qui sillonnent l'immensité des mers, tant ce tronc était gros et long. J'en coupe une brasse et je donne cette partie à mes compagnons en leur commandant de la dégrossir ; ceux-ci la rendent unie, moi je la taille en pointe, et je l'endurcis encore en l'exposant à la flamme étincelante ; puis je la cache avec soin sous du fumier amoncelé dans la grotte. J'ordonne ensuite à mes compagnons de tirer au sort pour savoir ceux qui, avec moi, plongeront ce pieu dans l'œil du Cyclope, quand le monstre goûtera les charmes du repos. Les quatre guerriers que désigne le sort sont ceux-là même que j'aurais voulu choisir ; et moi je suis le cinquième. — Vers le soir le géant revient en conduisant ses brebis à la belle toison ; il pousse dans la grotte ses troupeaux, et il n'en laisse aucun dehors, soit par défiance, soit qu'un dieu l'eût voulu ainsi. Il soulève l'énorme roche, la replace à l'entrée de sa caverne, s'assied, trait ses brebis et ses chèvres bêlantes, et rend les agneaux à leurs mères ; puis il saisit de nouveau deux de mes compagnons et les mange. Alors je m'approche du monstre, en tenant une coupe remplie d'un vin aux sombres couleurs (…)
le Cyclope se renverse : son énorme cou tombe dans la poussière ; le sommeil, qui dompte tous les êtres, s'empare de lui, et de sa bouche s'échappent le vin et les lambeaux de chair humaine qu'il rejette pendant son ivresse. Alors j'introduis le pieu dans la cendre pour le rendre brûlant, et par mes discours j'anime mes compagnons, de peur qu'effrayés ils ne m'abandonnent. Quand le tronc d'olivier est assez chauffé et que déjà, quoique vert, il va s'enflammer, je le retire tout brillant du feu, et mes braves compagnons restent autour de moi : un dieu m'inspira sans doute cette grande audace ! Mes amis fidèles saisissent le pieu pointu, l'enfoncent dans l'œil du Cyclope, et moi, me plaçant au sommet du tronc, je le fais tourner avec force. — Ainsi, lorsqu'un artisan perce avec une tarière la poutre d'un navire, et qu'au-dessous de lui d'autres ouvriers, tirant une courroie des deux côtés, font continuellement mouvoir l'instrument : de même nous faisons tourner le pieu dans l'œil du Cyclope. (...)
Tout autour de la pointe enflammée le sang ruisselle ; une ardente vapeur dévore les sourcils et les paupières du géant ; sa prunelle est consumée, et les racines de l'œil pétillent, brûlées par les flammes. — Ainsi, lorsqu'un forgeron plonge dans l'onde glacée une hache ou une doloire rougies par le feu pour les tremper (car la trempe constitue la force du fer, et que ces instruments frémissent à grand bruit : de même siffle l'œil du Cyclope percé par le pieu brûlant. Le monstre pousse des hurlements affreux qui font retentir la caverne ; et nous, saisis de frayeur, nous nous mettons à fuir. Le Cyclope arrache de son œil ce pieu souillé de sang, et dans sa fureur il le jette au loin. Aussitôt il appelle à grands cris les autres Cyclopes qui habitent les grottes voisines sur des montagnes exposées aux vents. Les géants, en entendant la voix de Polyphème, accourent de tous côtés ; ils entourent sa caverne et lui demandent en ces termes la cause de son affliction :
403 « Pourquoi pousser de tristes clameurs pendant la nuit divine et nous arracher au sommeil ? Quelqu'un parmi les mortels t'aurait-il enlevé malgré toi une brebis ou une chèvre ? Crains-tu que quelqu'un ne t'égorge en usant de ruse ou de violence ? »
Polyphème, du fond de son antre, leur répond en disant :
Mes amis, Personne me tue, non par force, mais par ruse. »
Les Cyclopes répliquent aussitôt :
410 « Puisque personne ne te fait violence dans ta solitude, que nous veux-tu ? Il est impossible d'échapper aux maux que nous envoie le grand Jupiter. Adresse-toi donc à ton père, le puissant Neptune. »
413 A ces mots tous les Cyclopes s'éloignent. Moi je riais en songeant combien Polyphème avait été trompé par mon nom supposé et par mon excellente ruse.
Le Cyclope, souffrant d'atroces douleurs, pousse de longs gémissements ; il marche en cherchant ; la pierre qui ferme l'entrée de sa caverne, et bientôt il la trouve ; puis il la saisit, la déplace, et, s'asseyant devant l'ouverture de la grotte, il étend ses mains afin de prendre quiconque tenterait de s'échapper en se confondant avec les troupeaux : ce Cyclope me croyait donc bien insensé ! — Je cherche un moyen pour nous arracher à la mort, moi et mes compagnons. J'imagine mille ruses, mille stratagèmes ; car notre vie était en danger, et nous étions menacés par un grand malheur. Voici le projet qui me semble préférable. — Il y avait dans la grotte de gras béliers à l'épaisse toison, grands, beaux et couverts d'une laine noire. Je lie en secret trois de ces béliers avec les osiers flexibles sur lesquels dormait le monstre cruel ; le bélier du milieu cachait un homme, et de chaque côté se tenaient deux autres béliers pour protéger la fuite de mes compagnons : ainsi trois animaux sont destinés à porter un guerrier. Comme il restait encore le plus beau bélier du troupeau, je le saisis par le dos, et, me glissant sous son ventre, je me tiens à sa laine ; j'attache fortement mes mains à cette épaisse toison, et j'y reste suspendu avec une constance inébranlable. »
(C'est ainsi qu'ils échappent à la mort et retrouvent leur navire.
iens vers des images protégées : à aller voir absolument (elles sont dans le dossier papier à utiliser en classe) :
-mosaïque romaine : https://fr.vikidia.org/wiki/Cyclope
- Ulysse dans l'antre de Polyphème / Jacob Jordaens © Musée Pouchkine Moscou : http://mythologica.fr/grec/cyclope.htm
- de nombreux tableaux représentant le Cyclope : http://art-magique.blogspot.fr/2011/07/lodyssee-le-cyclope-polypheme.html
CE QUE NOUS AVONS FAIT :
Chacun a lu attentivement le texte, en demandant s'il y avait des soucis de vocabulaire et de compréhension.
Chacun a résumé le texte le plus clairement possible.
CE QU'IL FAUT RETENIR :
HOmère :
aède légendaire dela Grèce du 8e siècle avant notre ère, on ne sait pas s'il a existé, ou si son oeuvre est un assemblage de légendes qui étaient racontées par les aèdes (conteurs qui allaient de ville en ville pour réciter des légendes). On dit qu'il était aveugle. Il a écrit deux épopées très célèbres : L'Iliade et L'Odyssée.
TEXTE 3 : Harry Potter
Dans le troisième volume de la série Harry Potter, un professeur de l’école Poudlard, Remus Lupin, est un loup garou, qui tente de se faire accepter parmi es humains malgré sa malédiction. - J’étais encore un petit garçon quand j’ai été mordu. Mes parents ont tout essayé, mais à l’époque, il n’existait pas de traitement. La potion que m’a préparée le professeur Rogue est une découverte récente. Elle me permet de me contrôler. Si je la prends dans la semaine qui précède la pleine lune, je reste lucide pendant le temps de ma transformation... Je me réfugie dans mon bureau et je ne suis plus qu’un loup inoffensif. Il me suffit alors d’attendre la fin dela pleine lune. Mais avant que la potion Tue-loup ait été découverte, je devenais un véritable monstre une fois par mois. Il semblait impossible que je puisse étudier à Poudlard. Les autres parents refuseraient certainement que leurs enfants soient exposés au danger que je représentais. Mais à cette époque, Dumbledore devint directeur de l'école et il éprouva pour moi de la compassion. Il assura qu'en prenant certaines précautions, il n'y avait pas de raisons que je ne puisse pas faire mes études normalement... Lupin soupira et regarda Harry. - Je vous ai dit il y a plusieurs mois que le Saule cogneur a été planté l'année où je suis arrivé à Poudlard. La vérité, c'est qu'il a été planté à cause de moi. Cette maison, poursuivit Lupin en regardant autour de lui d'un air accablé, et le tunnel qui y mène ont été spécialement bâtis à mon intention. Une fois par mois, on me faisait sortir du château et on m'enfermait ici pendant le temps que durait ma métamorphose. L'arbre a été planté à l'entrée du tunnel pour empêcher quiconque de s'y aventurer quand j'étais dangereux. Harry ne voyait pas à quoi pouvait bien aboutir toute cette histoire, mais il l'écoutait avec passion. A part la voix de Lupin, on n'entendait que les couinements terrifiés de Croûtard. - A cette époque, mes transformations étaient... étaient épouvantables. C'est très douloureux de se métamorphoser en loup-garou. Je ne pouvais mordre personne, puisque j'étais seul, je me mordais donc moi-même. Les villageois entendaient le bruit que je faisais, les hurlements que je poussais et ils pensaient qu'il s'agissait de fantômes particulièrement agressifs. Dumbledore encourageait cette rumeur et même maintenant, alors que la maison est restée silencieuse pendant des années et des années, les habitants de Pré-au-lard n’osent pas s’en approcher. J.K. ROWLING Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban Trad. J.F. Ménard, Gallimard Jeunesse, 1999 CE QUE NOUS AVONS FAIT : Lire le texte et le comprendre. Se demander ce que ce texte nous dit sur les monstres. TEXTE 4, Ovide, Métamorphoses. Devant les dieux, Jupiter se plaint de la férocité d’un homme, Lycaon, il ajoute : Quel fut son crime, quelle est la punition, c’est ce que je vais vous apprendre», et Jupiter raconte son arrivée chez le roi Lycaon qui garde en otage des hommes d’un autre peuple, les Molosses. Je donne des signes du caractère divin de ma venue et le peuple commence à m’adresser des prières. Tout d’abord, Lycaon se moque de ces marques de respect religieux puis il s’écrie : « je vais bien voir, par une épreuve déterminante, si c’est un dieu ou un mortel. La vérité sera indiscutable.» Pendant la nuit, dans mon profond sommeil, il se prépare à me surprendre et à me donner la mort. Voilà par quelle épreuve il lui plaisait de connaître la vérité ! Mais cela ne lui suffisait pas : de son épée, il coupe la gorge à un des otages envoyés par le peuple des Molosses. Ensuite dans de l’eau bouillante il ramollit une partie de ses membres encore palpitants et l’autre partie, il la fait rôtir sur le feu. A peine les avait-il posés sur la table que, de ma foudre vengeresse, j’ai renversé sur lui sa maison, demeure digne d’un tel maître! Epouvanté, il s’enfuit; parvenu dans la campagne silencieuse, il se met à hurler et il s’efforce en vain de parler. Toute sa rage se concentre dans sa bouche. Sa soif habituelle de carnage se tourne contre les troupeaux. Maintenant encore, il se complaît dans le sang. Ses vêtements se changent en poils, ses bras en jambes. Il devient un loup et conserve encore des traces de son ancienne apparence : même couleur claire de poils, même air farouche, mêmes yeux ardents ; c’est toujours la même image de férocité. Ovide, Les Métamorphoses , I, « Lycaon » traduit par C. Bertagna. CE QUE NOUS AVONS FAIT : Lire le texte et le comprendre ; Par groupes : se demander comment on pourrait établir la définition d'un monstre, à partir de chacun des textes que nous avons lus, et aussi à partir de ce que l'on sait par ailleurs. CE QU'IL FAUT RETENIR : Il faut toujours non pas écrire ce qui nous vient à l'esprit et d'arrêter là mais être méthodique et prendre dans l'ordre chaque élément que nous donnent les différents textes. A chaque idée qu'on a, c'est bien de trouver un exemple de monstre et savoir le décrire au cas où on serait lu par quelqu'un qui ne connaît pas ce monstre. Il faut savoir : Ovide, poète latin du premier siècle. Il était très fortuné et avait beaucoup voyagé. Il a écrit des oeuvres majeures, notamment un ensemble de récits de métamorphoses (transformation de quelqu'un ou quelque chose en animal, en végétal...) |